Promenade matinale

Guan Yu sortit de sa chambre sur la pointe des pieds. Tout en descendant l'escalier, il esquissa un sourire en imaginant ce que l'aubergiste lui ferait s'il réveillait les autres clients. Arrivé au dehors, il inspira une grande bouffée d'air frais. Kunming. La ville des secrets. Lit d'une rivière très particulière: le vent. Il faisait encore sombre et les rues étaient désertes. Pas un bruit n'y courait à part celui d'une douce brise matinale. Malgré l'obscurité encore régnante, Guan n'eut aucun mal à se diriger vers sa destination. Chemin faisant, il observait les ruelles aux alentours; trottoirs éclatés, toits percés, murs ébréchés...

Et l'Empereur qui ne daigne même pas envoyer des ouvriers pour l'entretien de Kunming...

Ses pas le menèrent à un endroit familier. Dian Chi, ou le lac de Dian. Le soleil commença son ascension dans le ciel, révélant ainsi peu à peu les reflets verts de l'eau. La faune aquatique s'agita également, comme mue par le réveil de l'astre. Au loin on pouvait apercevoir le mont Ming Feng qui surplombait toute la région. Des bougies étaient allumées dans les théâtres aquatiques, mais personne à des lieues à la ronde. Tout était calme, rassérénant. C'est dans ces moments là que Guan Yu se sent le plus apaisé. Il se mit alors à exercer sa maîtrise de la magie de l'Air basique; il s'amusait à faire voler les feuilles mortes environnantes et à former ainsi des objets, des visages...

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C'était presque affligeant de constater à quel point, encore une fois, la mission s'était avérée aisée. Il avait suffit de s'introduire dans la maison -pas même besoin de percer un trou dans les cloisons en paille de riz- et de trouver la chambre. L'homme, un riche notable assassiné pour une stupide histoire d'âne dérobé par son grand-père, n'avait aucune garde rapprochée, pas même un enfant pour le veiller. Ni femme, ni fils, pas même une fille.
Ressortir? Tout ausi enfantin. Ce travail, Yan aurait pu l'accomplir dès sa treizième année.

Elle se coula hors de la batisse et, à l'ombre des arbres, gagna le mur d'enceinte de la villa. Ce fut encore sans un bruit que l'Hirondelle s'éloigna à travers les rues. Sauter de toits en toits? Pour quoi faire? Il n'y aurait eut aucune utilité à cela, si ce n'était se faire remarquer. Tandis que la, la poitrine comprimée par des bandages, avec ses vêtements d'homme, Yan ressemblait tout à fait à un soldat.
Elle marcha tranquillement jusqu'à une pagode en bordure du Lac, ou elle s'introduisit discrètement. Puis, ayant récupéré une planchette de bois munie d'une corde et un sac de toile grossière, elle ôta ses bottes et déposa tout son paquetage sur l'eau pour, enfin, s'y glisser sans même provoquer une ride à la surface.
Elle traversa le lac assez rapidement, provoquant à peine plus de remous qu'une poule d'eau, son corps athlétique se mouvant avec souplesse dans l'eau glacée. Enfin, elle parvint à la rive et y déposa ses affaire avant de s'y hisser. après quoi, elle tira du sac un kimono de soie rose pâle et une paire de chaussures, et entreprit de se changer.

Ce ne fut qu'au moment d'ôter les bandes qui lui serraient la poitrine qu'elle remarqua l'homme qui se tenait là. Plutôt grand -un mètre soixante quinze, c'était une taille très respectable- et très pâle, ses cheveux plancs le rendaient facilement identifiable ou, tout au moins, mémorisable.

Lentement, prête à réagir au moindre geste, Gangyan scruta l'inconnu de bas en haut, notant au passage sa maitrise de la magie aérienne. Bien. Il allait falloir se méfier de ça.

"Qui êtes-vous?"

Le ton neutre, la tête haute et le regard assuré, Gangyan tenait à montrer qu'elle n'avait pas peur de cette homme, qu'il soit armé ou non.

Les feuilles interrompirent brusquement leur danse. Guan Yu se retourna. La question l'avait surpris; il ne s'attendait pas à voir quelqu'un dans ce coin perdu, encore moins une fille à moitié dénudée. Son faciès, habituellement de la couleur de ses cheveux, prit une légère teinte rosée. Mais son visage vira de nouveau au blanc lorsqu'il aperçut le couteau posé par terre à côté d'elle. L'aura de défi que dégageait cette inconnue ne présageait rien de bon, et son instinct lui souffla qu'il ne fallait pas la prendre à la légère. Un détail lui vint immédiatement à l'esprit: elle était trempée; elle venait donc de sortir du lac. Mais pourquoi nager dans cette eau glacée en cette heure si avancée? Il y avait anguille sous roche et Guan le savait pertinemment.

Je ne suis qu'un simple paysan venu chercher le repos dans cet endroit paisible. Malgré la rudesse de la température, j'aime ce lieu empli de sérénité. D'ailleurs, vous devriez vous couvrir, vous risqueriez d'attraper froid.

Dans cette situation, mieux valait ne pas être trop curieux pour ne pas s'attirer d'ennuis. Même si mille questions le taraudaient, Guan préférait attendre afin de savoir si la belle inconnue était fiable ou non. Tout en réfléchissant, il avait remarqué sa musculature anormalement élevée pour une fille de son gabarit, ainsi que sa poitrine comprimée par une bande. Cette simple observation lui permit de confirmer le danger qu'elle représentait.

'Je ne suis qu'un simple paysan venu chercher le repos dans cet endroit paisible. Malgré la rudesse de la température, j'aime ce lieu empli de sérénité. D'ailleurs, vous devriez vous couvrir, vous risqueriez d'attraper froid.'

Meng haussa un sourcil.
Un "simple paysan" qui maitrisait la magie? Il la prenait réellement pour une imbécile, pas vrai? Même une femme ordinaire aurait pu deviner qu'il mentait -au moins en partie- alors une Hirondellle... heureusement pour lui, il ignorait qui elle était, autrement elle lui aurait montré ce qu'il en coutait de la prendre pour une simple d'esprit.
Sans un mot, l'empoisonneuse tourna le dos à son interlocuteur. En apparence, elle se souciait de lui comme d'une guigne mais, en vérité, ses sens restaient aux aguets, prêts à parer à toute éventualité. Les hommes avaient toujours de drôles d'idées, vous savez, comme essayer de le violer, par exemple. Bien sur, elle pouvait emplement s'en débaresser seule -merci, opn l'avait élevée pour ça, tout de même- mais enfin, si elle se laissait prendre par surprise, ce serait bien plus difficile, surtout face à un homme disposant de l'aide de la magie...

"Je ne craint pas le froid. Et en ce qui concerne le fait de se couvrir..."

Elle s'interrompit, le temps d'enfiler et de lacer son corset, puis reprit:

"Je vous retourne la remarque, monsieur le 'Paysan'..."

Paysan autant qu'elle, mais peu importait. Yan passa son kimono -mode chinoise, bien sur- et ôta son pantalon, avant de glisser le toutdans sac de toile.
Puis, faisant de nouveau face à l'étranger aux cheveux blanc, elle s'affaira rassembler sa longue chevelure en un chignon plus élégant que sa simple tresse.

"Et j'imagine que vous aves un nom?"

Guan observa, non sans une légère gène, la scène qui se déroulait sous ses yeux.
Apparemment, la pudeur ne comptait pas parmi ses attributs... Mais après tout, c'est lui-même qui avait demandé à la jeune femme de se couvrir. Quant aux doutes qu'il avait sur elle, ils ne s'étaient pas estompés, loin de là, mais il commençait à se sentir moins en danger. Peut-être le fait qu'elle lui ait tourné le dos pour se vêtir prouvait qu'elle ne se souciait pas de lui. Mais cela voulait aussi dire qu'elle était sûre d'elle; il ne lui faisait absolument pas peur. Qu'en penser? Que fallait-il faire? En premier lieu, répondre à la question posée.

Je me nomme Guan Yu. Puis-je connaître le votre? Et que faites-vous donc dans cet endroit si reclus?

Bêtise. Sa curiosité l'avait poussé plus loin qu'il ne le voulait, la question était sortie toute seule. Il pourrait se révéler dangereux d'essayer de percer les secrets de cette jeune femme. Guan en était conscient et s'en voulait d'avoir commis une pareille bourde. Allait-elle le tuer pour préserver son secret? Il fallait se préparer à une éventuelle attaque.

Ou peut-être n'y avait-il rien à craindre? Il attendit alors la suite des événements.

[HRP] Je suis désolé pour la brièveté de ce post Meng, je n'ai pas eu beaucoup de temps à accorder au forum cette semaine.